DANIEL ROY

Tu me fais de l’effet de serre
Un livre ouvert sur le monde

MA COUR DE CRÉATION

LA VILLE LOINTAINE (Collectif)

La ville lointaine

Comment traduire la terre en exil?

 

J’entends battre le cœur de l’humanité / un bouquet d’amour.

Des humaines, des humains de la planète osent écrire.

Décrire en français, La ville lointaine.

Daniel Roy, Sherbrooke, entre le 27 et le 30 avril 2004.

 

Daniel Roy, Rolando Lopez, Rita Cassia Guimaraes,

Perihan Ulger, Nigora Mamadjanova,

Roksolyana Hankevych, Liliana Andrea Trujillo,

Jorge Luis Giralod, Maria Pascuala Alas, Eduardo Luis Romero,

Enrique Scoccimarro, Neyla de Jésus Bolivar, Mery Luz Bolivar, Saida Azzoug,

Fernando Gonzales Cuellar, Camille Mathieu Roy (ma fille), Carmen Rosa Gil, Pablo Iturralde,

Tzvetan Gantchev, Martin Fernandez Ridano.

 

 

La ville lointaine

Chinguetti

Oublie désert

Mauritanie

Liberté carnavalesque près de la mer carnavalesca

Salvador ensoleillé

Le soleil, dans ma ville, se couche dans la mer

La plus belle vision qu’un être humain peut avoir

Brazou, Bahia, Brasil ensolarada

Kurdistan, pays loin de mes yeux

Imaginaire que j’aime et qui me manque, telle une chaleureuse mère

Aimable et pleine de compassion

La mère toute seule

La mère nue

La mère qui a faim

La mère dans le noir

C’est pour toi toute la guerre

Tout l’espoir, toutes les aspirations

Tu n’es pas seule

On viendra un jour, on t’apportera l’amour, l’espoir et la paix

On te prendra dans nos bras pour toujours

Pour que les larmes des mères sèchent

Et que les enfants jouent enfin en paix

Je reprends la route de la soie

Le chemin qui me mène à toi

Ma lointaine Tachkent

Mon Asie centrale

La pierre culturelle la plus précieuse

La Cité où mon sang a coulé

La ville du pain à partager

Amou-Daria / la rivière est longue

L’ennui de larmes coule sur mes joues

Mon Syr-Daria / le fleuve de larmes dans mes yeux

Le roi de lui-même

Ouzbek au Québec

Si loin de l’Ouzbékistan

Mon cœur s’assèche

L’viv, ancien, Ukraine

À la fin du douzième siècle, il y avait un roi qui s’appelait Danélo.

C’était une personne très importante dans l’histoire ukrainienne.

Il légua tant de choses à ses descendants.

Il fonda une ville exceptionnelle et lui donna le nom de son fils «LEB»,

qui signifie en français «Lion», digne de son nom.

Pauvres, en paix : ailleurs les guerres.

Sherbrooke, terre d’accueil que je consigne à la mienne

Sentimentale, chaude et froide

Comme la terre où j’ai vécu

L’Anse-aux-Demoiselles des ailes, des îles

Des Îles-de-la-Madeleine

Chalatenango

Chalatenango, terre bénite, petit nid du jardin de Cozcatlan

Ses rues enchantées, pavées, lui donnent le rythme d’une fillette vierge

Les dimanches

Ses Indiens apportent de grands sacs multicolores

Des chapeaux, de beaux hamacs bien colorés qui, au cœur, inspirent une chanson.

Traditionnelle indienne, salvadorienne chanson.

Bergen magique

Presque imaginaire

Tokyo : une photo à contre-jour où coexistent les traditions anciennes

Manifestation de la création humaine

Tokyo

Salta la linda

Salta, la jolie que je ne connais pas

Nantucket, l’île si lointaine

Barranquilla Columbia

Un paradis tropical, de joie, de danse et d’amour

San Vicente

Le petit village de deux vies

Baranoa

Le cœur heureux de l’Atlantique

Tassili

Tu aimes les animaux

Tu aimes le Sahara

Les montagnes, les champs, les fruits doux, les plages

Les si beaux couchers de soleil

Tu peux aller en Algérie

Monterrey

La reine des montagnes

La ville industrielle

Les rêves les plus cruels sont les plus industriels

À Chinacota

Je lui dois tout ce que j’ai

C’est grandiose mon village

Si bon mon Chinacota

Si beau le bleu du ciel

Je suis fille de ce village que je veux, que j’aime

Sa culture, un grandiose trésor

Cette colombienne terre du Nord de Santander

Supérieure à la couronne d’un roi

Née sur cette terre

Noble terre, chitarera

Je suis née là

Je veux y mourir

Paris de l’Amérique du Sud

Ville qui ne dort jamais

Buenos Aires

New York

Les Calanques près de Cassis

Odeurs, couleurs

Aix, Arles, Avignon

Merveilleuse perle de la Côte bleue

Marseille

Zapala l’endormie

Là-bas, où le ciel et la terre se confondent, j’ai trouvé Zapala

Vent qui passe, pierre qui attend

Les mots flottent autour des horloges inutiles

 

 

 

Le prix à payer

Le rayonnement de la poésie et de ses commettants n’emprunte pas les mêmes avenues que les autres produits littéraires. Les poètes modernes ont peu d’espace pour accroître leur visibilité. Dans les librairies, ils occupent des rayons de bas étage, leur tirage se limite à peu d’exemplaires, les journaux sont peu bavards sur le genre, sauf quand un prix (international ou local) souligne de façon particulière une œuvre.

Pourtant, la  poésie aura plus souvent une résonance planétaire et intemporelle que les autres styles littéraires qui trahissent leur provenance et leurs époques. Le langage de la poésie rejoint davantage les gens dans ce qu’ils ont de plus universel et de plus intime à la fois. Un poète du Gabon, de la Tchétchénie ou du Québec exprime les mêmes abîmes, les mêmes vérités. Le genre, quoique global, n’a pas beaucoup de tribunes pour se manifester.

Même si la portée de la poésie est universelle, la façon de l’exprimer est caractéristique de sa provenance. Le choix des mots, des thèmes, des angoisses, des réalités souligne souvent une région, un paysage, une parlure typique à une langue, à un pays. C’est ainsi que l’identité rayonne.

 

Yves Lebel

 

 

 

 

Mon très cher Daniel,

 

Tous les miens te remercient pour l’envoi de ton bouquet d’amour.

Tu écris et t’écrivant dessus – sans mettre de serviette, ce qui tache est beau et bon chez toi.

Bien que les parfums de l’amitié furent d’emblée capturés par les lignes du texte;

au fur et à mesure que nous en lisions un bout, une odeur d’images nous enlisait…

 Noyés sans eau, parmi de jeunes nénuphars.

Écrire la main dans la main, c’est possible, à condition d’avoir une main pour ça.

Dans «La ville lointaine», on se rapproche, bravo !

Quant à Yves Lebel, qu’il sache qu’il a, sur la terre de France, un ami qui le comprend clairement.

Mercis pour ses encouragements.

D’ailleurs, pour nous, la ville ne fut lointaine qu’à un moment donné – ou prêté –

Ce moment de «traverser à pied enfin le coeur des autres.»

Fidèlement à mes Roy – les seuls rois que je vénère.

Un genou à terre – à East Angus –  notamment devant une dame que j’aime.

Bises chaudes,

(D’où la ville lointaine essaie de se rapprocher encore !)

 

Fidèlement, Louis Arti

Paris, 4 mai 2004